Le petit Train de Volos (Grèce)
Le petit Train de Volos constitue un élément précieux et pittoresque de la civilisation de la Grèce moderne de la fin du XIXème siècle. Pendant 80 ans, le petit Train a grimpé le long des coteaux de la montagne des Centaures, au charme sauvage et à la végétation luxuriante, faisant entendre ses sifflements de joie, jusqu'au moment où les colonels ont arrêté son fonctionnement en 1971.
Le petit Train qui reliait la ville de Volos aux villages du versant ouest de Pelion, fut d'une importance capitale pour le développement économique, artistique et social, non seulement pour la région mais pour le district tout entier.
La voie ferrée fit son apparition en Grèce le 17 février 1869 se constituant d'une voie étroite, d'une longueur de 8,5 km., qui reliait le port du Pirée à Athènes (Theseion). Le réseau ferroviaire du pays fut intégralement construit entre 1880 et 1910; dès lors la voie est demeurée telle quelle, mises à part quelques améliorations sporadiques. Par contre, sa longueur fut restreinte avec l'arrêt du fonctionnement de certaines lignes locales.
La région de Théssalie eût son propre réseau ferroviaire -une voie reliant Volos à Kalambaka, large d'un mètre- le 22 avril 1884, juste trois ans après sa libération. C'était le "Serpent Ferré", qui traversait d'un bout à l'autre la plaine théssalique.
La ville de Volos, au moment de sa libération, le 2 novembre 1881, contait 5098 habitants, mais étant un port important desservant une région prospère, a pu amorcer et effectuer un développement spectaculaire parvenant ainsi à devenir très vite un centre industriel et portuaire parmi les plus importants du pays, chose qui eût pour conséquence un boom démographique quintuplant sa population en une dizaine d'années (23 139 habitants en 1907).
Le 16 dècembre 1892 fut décidée la liaison par voie ferrée de Volos avec Pélion, le projet originel prévoyait la liaison de Volos avec Zagora, mais il fut vite abandonné face au coût et aux problèmes techniques que comportait une telle opération. Le 26 mai 1893 fut signé par l'Etat grec et la Compagnie des Chemins de Fer Thessalique (compagnie indépendante des chemins de fer de l'Etat grec -CH), l'accord permettant la construction d'une voie ferrée reliant Volos à Ano Lechonia, parcours long de 13 km: partie de plaine de la voie.
La construction de la voie ferrée fut confiée à un ingénieur italien, Evaristo de Cirico, père de Giorgio de Cirico, qui figure parmi les plus grands peintres de notre temps. Le 16 dècembre 1894 commencèrent les travaux, le 12 octobre 1895 la voie fut inaugurée. Il eût fallu dix mois pour la construction d'une voie ferrée de 13 km, avec un pont métallique enjambant le torrent d'Anavros, et serpentant le secteur Volos-Agria, là fut construit également le premier viaduc en bèton armé en Grèce: sur le torrent Vrychon à Kato Lechonia; il s'agit d'un véritable miracle technique. Le coût total des travaux fut de 1.863.303 drachmes.
Cinq ans après, en 1900, fut décidé l'extension de la voie de 15 km, d'Ano Lechonia jusqu'à Miliès. Il s'agit du secteur montagnard de la voie, cette fois encore l'ingénieur chargé de la conception et de la réalisation des travaux fut Evaristo de Cirico; la réalisation complète de la construction a nécessité cette fois 3 ans et l'inauguration de la voie eût lieu le 2 juillet 1903, le coût total fut de: 2.752.266 drachmes.
C'est une voie de longueur totale de 28.200 m., d'ouverture des rails de 0,60 m et d'inclinaison maximale de 30%. Les grands travaux d'accompagnement de la voie, tels que tunnels, soubassements ou digues d'appui, viaducs métalliques ou en pierre et leurs ballustrades, sont parfaitement intégrés à l'environnement naturel de la région; les stations, les gares et le reste des installations constituent un échantillon typique de l'architecture ferroviaire du début du siècle.
le parcours du train était de la gare de Volos à la gare de Miliès, en passant par les arrêts suivants: Dimitriados, Parc de Saint Constantin, Anavros, Tsimenta, Agria, Kato Lechonia, Ano Lechonia: Ghatzea, Aghia, Trias, Pinakates, Arghyréika. L'exploitation de la voie comprenait, à part les parcours réguliers vers Lechonia et Miliès et la mise en place d'un tramway, utilisant la même voie et les mêmes wagosn mais avec des locomotives bien plus petites et allant de la gare de Volos à Anavros.
Le fonctionnement de la voie s'arrêta définitivement le 1er Août 1971, car non rentable économiquement. Entretemps, pendant les soixante-dix ans de son fonctionnement, le petit train effectuait inlassablement ses voyages avec des locomotives belges, des wagons en bois, transportant hommes et marchandises et constituant, pour longtemps (jusqu'en 1950 au moins) le seul moyen de transport en commun reliant les villages du versant ouest de Pelion et Volos et de là avec la plaine thessalique d'une part et d'autre part, par le port avec le reste du pays.
Dès l'arrêt du fonctionnement de la voie: parallèlement aux protestations toujours plus grandissantes contre cet arrêt, s'amorce un mouvement pour la remise en marche de la voie qui, au fur et à mesure, gagne de l'importance et comptent de nombreux adhérents dans toute la région; d'importantes conférences concernant l'avenir de la voie ferrée eurent lieu en présence des représentants de l'administration locale en décembre 1981 et en octobre 1984. Entretemps, l'association "les Amis du Train" fut créée à Volos dont ses activités s'étendent de plus en plus en jouissant de la solidarité et du soutien d' associations analogues dans d'autres pays.
Le 19 mars 1985, sous prétexte d'élargir la route départementale reliant Agria à Kato Lechonia, l'administration procède au retirement des rails provoquant ainsi la mobilisation immédiate d'un nombre considérable de représentant syndicaux, communaux et d'autres personnalités et représentants divers non seulement régionaux mais à niveau national, voire international. Le conseil départemental de la région, estimant à juste titre la situation créée par cet évènement, et sous la pression des protestations venant de toutes parts, décida la remise en place des rails en été 1986.
Le 21 mars 1985, le Conseil des Monuments Contemporains de Thessalie jugea que le petit Train de Volos constituait un monument historique digne d'être conservé. Le décrêt présidentiel relatif à la conservation du train, met le train à l'abri de tout acte arbitraire. Ainsi, la ville reconnut que le Petit Train de Volos est un monument historique et technique étroitement lié à l'histoire et à l'image de la ville et de la région.
Le train relie le centre culturel de la ville de Volos (théâtre, conservatoire, université, divers lieux d'activités culturelles, artistiques et scientifiques) avec le patrimoine culturel populaire des villages aux allentours et aboutissant à la bibliothèque historique de Miliès qui contient, mis à part les livres, des manuscrits, documents et autres objets précieux ayant trait avec l'histoire et la civilisation de la région. Le petit Train n'était pas seulement un moyen de transport en commun, il était aussi un moyen de communication entre les gens, les idées, les différents modes de vie et telle est aujourd'hui aussi son ambiton première: contribuer à la recherche d'une amélioration de la qualité de vie, en procurant les moyens pour une meilleure appréciation de la beauté naturelle de son environnement et un meilleure connaissance de la région du mont Pelion que traverse le petit Train, permettant d'autre part, l'adhésion à la vie culturelle du pays et de ses habitants.
Bien entendu, la remise en marche du petit Train Volos-Miliès ne peut pas -et d'ailleurs là n'est pas son ambition- couvrir les besoins quotidiens de transport des habitants de la région. Son ambition premiére est sa propre mise en valeur et de là, la valorisation et le développement touristique de toute la région qu'il parcourt. D'autre part, il constitue un excellent moyen de divertissement tant intructif que culturel pour les habitants de la région comme pour les visiteurs étrangers.
Suivant le vif intérêt suscité par la remise en marche du petit Train, un projet de programme de voyages fut établi et proposé comme il suit:
1. Période d'été: du 15 mai au 15 septembre (un aller-retour par jour)
2. Période d'hiver : 2 aller-retours par semaine (week-end)
3. Noel, Pâques, autres congés: un aller-retour par jour
On pourrait suggerer d'ajouter à ces horaires fixes, la possibilité avec l'accord préalable de l'Office du Tourisme Grec et/ou de la Préfecture, la location du train pour réaliser des excursions journalières par des groupes organisés, écoles, etc.
Il est évident que pour le bon fonctionnement du train, la présence de deux locomotives régulières et d'une troisième en réserve serait nécessaire.
D'autre part, la Préfecture de la Magnesie réalisa en 1986, une étude de remise en marche de la voie prévoyant des travaux de réparation (voie, viaducs, gares et machines) d'un coût aproximatif de 100.000.000 drachmes.
La somme nécessaire à son fonctionnement est de l'ordre de 30 millions par an, et sera converte par les recettes du Train, c'est à dire billets, location du trai, location des locaux, bars, publicité,etc.
Le grand avantage tiré par la réouverture de la voie, avantage essentiel mais non en termes de profit, sera l'apport d'un nouveau souffle de vie à la région traduit par un développement touristique de celle-ci, baisse du taux d'urbanisation et mobilité des habitants des villages environnants par la création d'emplois et mise en valeur de la région, de sa culture, etc.
Les travaux seront effectués sous l'égide de l'Office des Chemins de Fer Helléniques et des services techniques de la Préfecture. D'autre part, le projet sera financé par:
* l'Office du Tourisme Grec
* Le Marché Commun, programme méditerranéens intégrés
Contribution des "Amis des Trésors du Monde" (A.T.M.), FMACU-UNESCO